S’appuyer sur des filtres pour une campagne authentique : paradoxe ou agilité ?
31 Jan 2024 • 3 min de lecture
Retour d’expérience avec la campagne MNT : être utile est un beau métier.
S’il y a un media dont il est impossible de se passer pour plonger le spectateur dans une ambiance, c’est bien le son.
Nous l’avons récemment particulièrement travaillé pour produire un effet spectaculaire et inattendu : être vrai.
« Être vrai » c’est bien toute l’intention créative de notre dernière campagne pour la MNT.
Nous cherchons à y mettre en scène de véritables agents, dans leur quotidien.
Cette volonté a orienté toute l’organisation du projet.
Nous avons sélectionné un réalisateur de documentaires, Aymeric Colletta, ainsi qu’un photographe habitué aux photo reportages, Livia Saavedra.
Le travail de préparation en amont a été énorme : les agents ne sont pas des comédiens.
Nous les avons rencontrés, d’abord à travers de petites interviews téléphoniques, puis sur place.
L’avantage est double : nous gagnons la confiance des agents, et nous récupérons énormément de matières, d’anecdotes, d’éléments de langages qui orientent nos réflexions.
Sur le plan de la narration, cette campagne n’allait poser aucun problème. La réalité allait s’en charger.
Souvent, prise sur le vif, la réalité ne donne pas envie. On la connaît trop bien.
L’esthétique de la réalisation a permis de la magnifier, sans la trahir.
Les objectifs de caméra sont les mêmes que ceux utilisés pour le cinéma. À travers l’œil du chef opérateur, le cadre devient magnifique, les lumières retravaillées nous présentent une réalité aussi belle que dans notre esprit.
L’étalonnage amènera une densité qui nous plonge encore plus loin dans le réel.
Vient le premier montage, avec le son.
Nicolas Berrivin, le compositeur, imagine une balade qui nous porte à travers cette belle histoire et réussie à être validée du premier coup par tout le monde.
La musique a ceci de magique que lorsqu’elle emporte, elle semble évidente. Lorsqu’elle s’est imposée, il est impossible d’en imaginer une autre pour la remplacer.
Arrive ensuite le montage avec les voix.
Le studio est un des meilleurs du moment.
Nous entendons le moindre détail dans le grain de chaque voix. Mais ça ne prend pas.
Les voix sont belles, mais semblent flotter au-dessus du film.
Les sons d’ambiance ne parviennent pas à les réintégrer dans l’action.
Avec des voix aussi nettes, nous avons l’impression d’être au cinéma.
Le réalisateur se souvient alors de ses échanges téléphoniques, au tout début du projet, là où l’intimité s’est nouée avec les agents.
Le son est retravaillé, les voix passent dans un filtre.
Les conversations téléphoniques reviennent.
Et tout change.
Lorsque nous visionnons le film, portés par la musique et les images, les voix sont un peu lointaines, grésillent, ont perdu de leur profondeur… soudainement, ces voix paraissent plus proches de nous.
Nous avons l’impression de les connaître, elles nous racontent leurs histoires, nous font des confidences.
Maintenant les voix ne commentent plus le film : elles nous parlent.
Le sentiment d’authenticité nécessite étrangement de nombreux filtres pour se révéler convaincant. Sur notre campagne, nous avons réussi à apporter cette touche finale avec l’ensemble du sound design.
Le sound design amène une possibilité essentielle : celle de parler directement à notre inconscient en provoquant des sentiments, en réveillant des souvenirs, en nous plongeant directement dans un univers avec une puissance sans pareil.
Nous pouvons rire ou être bouleversé devant une image.
Nous sommes rarement émus sans la musique.