Réforme PSC : quels enjeux en communication pour les mutuelles ?

24 Oct 2022 3 min de lecture

Depuis plusieurs mois, la réforme de la Protection Sociale Complémentaire (PSC) des agents des services publics secoue l’ensemble du marché mutualiste français. Guillaume Robin, directeur conseil en charge des sujets de l’ESS à l’agence nous éclaire sur ce sujet et ses conséquences sur la communication des mutuelles.

La réforme de la PSC des agents de la fonction publique, c’est l’Accord national interprofessionnel (ANI) des fonctionnaires. Elle répond à une injustice sociale qui voit aujourd’hui les salariés du secteur privé bénéficier de la participation financière de leur employeur sur leur contrat santé, contrairement aux agents de la fonction publique.
Les négociations en cours ont donc pour objectif de déterminer le périmètre de cette réforme, les paniers de soins et niveaux de participations minimums et les modalités de désignation des organismes assureurs.  

 Quels sont les enseignements que l’on pourrait en tirer ?

Promulguée en 2013, l’ANI avait bouleversé le marché des complémentaires santé puisque l’ensemble des salariés du secteur privé avait basculé sur des contrats collectifs à adhésion obligatoire. C’était donc une grande opportunité pour les organismes préparés et qui avaient l’expérience de commercialiser et gérer des appels d’offres collectifs. Par contre pour les plus petites mutuelles, aux réseaux commerciaux et au modèle de gestion concentrés sur l’adhésion individuelle cela a été plus compliqué. L’ANI avait accéléré le processus de concentration que l’on observe dans la mutualité. 

Quelles sont les conséquences pour le monde mutualiste ?

Les mutuelles historiques de la fonction publique sont aujourd’hui très largement composées d’adhérents individuels. Une désignation sur les futurs appels d’offres leur redonnerait donc une hégémonie sur leur marché, qui s’effritait jusqu’alors. Une non désignation les mettrait dans des situations de précarité extrême puisque la partie d’agents actifs de leur portefeuille devraient les quitter. De nouvelles stratégies vont donc voir le jour avec des visions plus courtes puisque les désignations se renouvèleront tous les 6 ans. 

Quels rôles doivent avoir les marques face à cette réforme ?

La réforme est programmée sur 3 temps :  

  1. Le premier temps, en attendant les cahiers de charges des différents appels d’offre es celui de l’influence et de la négociation : fortes de leurs expériences et des données de leur portefeuille les mutuelles doivent être en capacité d’orienter les demandes pour que les marchés répondent aux besoins des agents en matière de paniers de soins, de niveau de cotisation, de prévention et de solidarité entre agents (actifs et retraités). C’est un des points travaillés en ce moment avec la MNT sur le site reformepsc.mnt.fr
  2. Le second temps et qui se traite déjà en parallèle est celui de la préparation aux réponses : Il faut imaginer de nouveaux modèles de distribution et de gestion de ces futurs contrats. Un modèle de contrats collectifs maîtrisés par les mutuelles interpros, les assureurs traditionnels ou les institutions de prévoyance mais peu goutés par les mutuelles de fonctionnaires.
  3. Enfin il faut aussi anticiper la future vie des contrats pour communiquer en direct avec les adhérents et ainsi favoriser la multi-détention. 

Quels sont les grands enjeux  en matière de communication ?

Les mutuelles doivent changer leur positionnement. Quel que soit le résultat, la situation risque de modifier en profondeur ces entreprises et donc leur communication :

  • Si elles gagnent le contrat : pour assumer leur statut de mutuelle affinitaire et démontrer leur légitimité à protéger ces populations.
  • Si elles le perdent : pour tenter de conserver les populations en place multi-détentrices de contrats, voir se concentrer sur les retraités moins impactés par la réforme.

Elles vont devoir également revoir leur mode de communication relationnelle avec les gestionnaires des contrats et en directe avec les bénéficiaires.

  • L’adhérent n’adhère plus, il devient bénéficiaire d’un contrat choisi pour lui et ce pour minimum 6 ans. 
  • Les mutuelles doivent donc créer une nouvelle proximité pour se faire reconnaitre et préférer afin de poursuivre une relation commerciale personnalisée (Droit à l’information, Présence sur le terrain, Relation humaine).

Enfin, la question se pose aussi sur le militantisme et l’engagement des militants demain  
Le renouvellement et l’implication des militants est déjà un sujet pour bon nombre de ces mutuelles. Le passage d’une adhésion individuelle et volontaire à une adhésion collective et obligatoire aura certainement des répercussions sur la vie démocratique de ces mutuelles.

Un conseil pour les mutuelles qui vont être confrontées à la réforme ?

L’horizon peut paraitre éloigné mais compte tenu des impacts de cette réforme c’est le moment d’étudier les différents scénarios et d’anticiper. Dans le même temps il est important d’exister aux yeux des partenaires sociaux et de ses adhérents pour justifier le moment venu de son expérience vis-à-vis de ces populations. Pour cela la communication est un levier essentiel pour faire vivre le storytelling de ces marques historiques.