Le signal du planning : l’Ère du toxique et Red flag

11 Mar 2024 3 min de lecture

Chaque mois, Thomas Bosque, notre planneur stratégique, vous invite à découvrir une tendance qui caractérise notre époque et imagine comment les marques pourraient s’y connecter. Cette fois-ci, il explore le thème actuel et complexe de la perception de l’autre comme un potentiel danger.Le signal du planning by The LINKS : l’Ère du toxique et Red flag

L’ère du toxique

Relation toxique, comportement toxique, environnement toxique… la toxicité a envahi notre vocabulaire. C’est la thèse de Clotilde Leguil. Dans son essai « L’ère du toxique », la psychanalyste et philosophe nous explique comment cette notion s’est étendue pour mieux infiltrer notre langue.

En effet, la toxicité désignait hier le danger d’une substance. Elle vient d’ailleurs, étymologiquement, du poison dont les soldats enduisaient la pointe de leurs flèches. Aujourd’hui, le « toxique » rend compte d’un potentiel danger dans toute forme d’interaction sociale.

Red Flag

Popularisés dans le cadre des relations amoureuses, les « red flags » désignent des signaux d’alerte dans les comportements d’autrui, suggérant une incompatibilité ou un danger dans cette relation. Mais la notion de « red flags » s’étend aujourd’hui bien au-delà du cadre amoureux.

Les candidats identifient des « red flags » lors d’entretien d’embauche. Les consommateurs pointent du doigt des « red flags » chez certaines marques. Sur les réseaux sociaux, chacun partage ainsi sa liste de signaux d’alerte pour détecter une future relation dangereuse ou déséquilibrée.

Qu’est-ce que cela dit de notre époque ?

De l’intime au social

Relation toxique, « red flag », « ghosting » (fait de ne plus répondre à quelqu’un du jour au lendemain), de nombreux termes initialement réservés aux relations intimes s’étendent aujourd’hui dans le champ social et politique.

Cette hybridation du vocabulaire n’est pas anecdotique. Elle est le signe d’une porosité des frontières entre notre vie privée et publique. Elle témoigne d’une société où nos expériences individuelles influencent de plus en plus les débats publics et même les décisions politiques.

Un rapport préventif à l’autre

L’utilisation massive des termes « toxique » et « red flag » souligne également notre prise de conscience collective des effets néfastes de certaines relations manipulatrices ou abusives. La préservation de notre santé mentale prévaut, quitte à ne pas donner suite à certaines relations par prudence.

Cette dimension préventive induit un rapport à l’altérité teinté de suspicion. Plus qu’hier, surtout depuis la crise du covid-19, l’autre est perçu comme un danger auquel il ne faut pas nécessairement s’exposer.

Une attention accrue aux interactions saines

Mais notre attention accrue aux comportements toxiques et à leurs signaux avant-coureurs est également le reflet d’une époque attentive aux interactions humaines et à même d’en repenser certaines.

L’émergence de ces notions dans le discours public favorise la sensibilisation et la prévention contre les environnements et les relations nuisibles. Mieux, elle encourage une culture du respect de soi et des autres.

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Comment les marques peuvent se connecter à ce signal ?

Instaurer un environnement sain

Certaines marques ont l’opportunité de jouer un rôle de lanceur d’alerte sur certains comportements toxiques. C’était l’initiative de Gillette vis-à-vis de la masculinité toxique. Si celle-ci a été très contestée, elle a su ouvrir un débat majeur sur certains comportements masculins.

Mais si chaque marque n’a pas vocation à amener un sujet de société sur la place publique. Toutes ont aujourd’hui le devoir d’instaurer et de valoriser des relations saines avec leurs publics, à commencer par ceux qui les font vivre : leurs collaborateurs.